La restauration des cours d'eau

Sans récupération de la structure et de la dynamique physique des cours d’eau, il n’y a pas de récupération biologique possible. Le retour au « bon état écologique » passe donc inévitablement par la restauration physique des rivières altérées. Trois grands types de modifications physiques constituent un frein à l’atteinte du bon état écologique des cours d’eau :

  • l'altération des formes (chenalisation, rectification, blocage de la dynamique latérale d’érosion des berges …),
  • l'altération des flux (réduction des débits pour captage, hydroélectricité et blocage des sédiments …),
  • l'altération de l’accès aux habitats (endiguement et ruptures des connections avec le lit majeur = continuité latérale, modification de la continuité amont / aval obstacle à la remontée des poissons = continuité longitudinale …).
La composante hydromorphologique constitue donc un axe de travail majeur dans la mise en œuvre de la Directive-cadre sur l’Eau (DCE). 
 

Actuellement, les services gestionnaires sont confrontés à la nécessité d’améliorer la qualité hydromorphologique des cours d’eau sans connaissance exacte des conséquences des actions qui peuvent être menées telles que la suppression d’un barrage ou le reméandrage d’un tronçon de cours d’eau par exemple. Les retours d’expérience n’existent quasiment pas à l’échelle européenne et encore moins en Région wallonne, excepté à très court terme.
 Modifier ou « manipuler » les écosystèmes nécessite de bien connaître les mécanismes qui régissent la dynamique du cours d’eau. Les résultats peuvent se mesurer par des modifications de paramètres physiques ou chimiques du milieu mais aussi par des changements de la composition et de la structure des communautés végétales et animales inféodées au milieu aquatique. Il s’agit d’identifier puis d’agir sur les mécanismes ou les processus naturels susceptibles d’assurer la pérennité des effets de l’opération, tout en tenant compte des effets liés aux changements climatiques tels que l’augmentation annoncée de la fréquence et de l’intensité des crues.




Réhabilitation des cours d’eau à l’heure actuelle


Depuis une vingtaine d’années, la restauration de l’habitat physique a émergé comme une activité clé pour les gestionnaires chargés de « raccommoder » les dégâts induits sur la qualité physique des cours d’eau par les grands travaux de rectification et d’artificialisation réalisés souvent dans un but restreint ou mal compris de lutte contre les inondations au détriment de la composante biologique du cours d’eau. Depuis la fin des années 90, les projets de restauration évoluent globalement de tentatives d’amélioration des caractéristiques physiques réalisées à de petites échelles vers des programmes plus ambitieux d’actions de restauration écologique à l’échelle du bassin versant mais leurs effets positifs et négatifs à long terme ont rarement été mesurés faute d’un suivi efficace souvent considéré ne faisant pas partie intégrante du projet. De ce fait, on constate aujourd’hui un manque de méthodes scientifiques rigoureuses et d’une théorie sur laquelle baser la conception et le suivi des actions de restauration. La majorité des publications scientifiques sur le sujet sont d’origines nord-américaines, australiennes et néo-zélandaises.
Toutefois, on a vu apparaître ces dernières années un nombre croissant de réunions d’experts et de colloques européens ayant pour but le partage d’expérience et des techniques de réaménagement des rivières en vue de combler notre retard dans ce domaine.


Bases de la réhabilitation biologique et fonctionnelle des cours d’eau


Les récents travaux de Malavoi (2007), de Lachat (2005), des Agences de l’Eau (2006) ont jeté les bases, en pays francophone, de la restauration écologique des cours d’eau. Cette restauration passe par une amélioration biologique et hydromorphologique de la rivière. Si l’on comprend aisément le terme « restauration biologique », la restauration « hydromorphologique » mérite quant à elle d’être explicitée. 
Le bon fonctionnement hydromorphologique est caractérisé par une dynamique fluviale la plus libre possible. La liberté de l’écoulement de l’eau sur les berges naturelles donne naissance à une grande diversité de faciès, à une ripisylve variée qui sont eux-mêmes le substrat d’un grand nombre d’habitats soutenant mille formes d’organismes. Il s’agit de restaurer les processus naturels d’érosion et de transport des matériaux par la rivière du moins là où c’est compatible avec les activités humaines. Cependant, aujourd’hui encore, trop peu de maîtres d’ouvrage se lancent dans des projets ambitieux de restauration morphologique des cours d’eau anthropisés pour des raisons diverses (coût financier important, demande sociale émergente rarement compatible avec le bon état écologique, méconnaissance du fonctionnement des rivières et manque de compétences techniques).


Une typologie particulière de cours d’eau, adaptée à la problématique de restauration a été élaborée par Malavoi (2006). Cette typologie a pour objet de déterminer l’intensité de l’activité géodynamique actuelle ou potentielle d’un cours d’eau et ainsi d’envisager l’évolution de la rivière suite à des travaux de réaménagement.